martes, 3 de junio de 2008

Sartre au-delà de cent ans.

Aujourdhui, assis à mon bureau je crois réaliser un rêve que je traîne il y a longtemps. À la moitié de mes études en Philosophie on nous proposa le livre de Juan Alfaro ‘De la question de l’homme à la question de Dieu’, un étude sur l’anthropologie contemporaine qui cherchait à présenter les manières à travers lesquelles celle-ci répondait à la question sur Dieu. On était invité parcourir le plus select des auteurs dans une liste incluant entre autres, Marx, Nietzsche Heidegger, Wittgenstein, Blochst et Sartre. Dans ce dernier je trouvai une pensée qui réussissait à toucher quelque fibre de ma jeunesse : une pensée implacable et dévastatrice, cohérente jusqu’à l’abjection et à la fois simple et complexe. Les vacances d’été que suivirent, j’achetai ‘La Nausée’, que je trouvai dans l’étagère d’une papeterie scolaire à Carthagène. Comme le livre était un peu abîmé, et l’édition était dépourvue de toute renommé et pleine d’erreurs de typographie, je réussi à l’avoir à très bon marché, chose qui sembla parfaite à ma poche d’étudiant, si souvent habituée à faire des économies. J’avais déjà un bon plan pour tuer le temps chaud de juillet.

Le deuxième livre de Sartre que tomba dans me mains fut ‘L’être et le néant’, dans une édition vaillamment traduite au castillan et faite à Buenos-Aires par l’éditoriale Losada. Cette fois ce fut un ami qui le trouva pour moi; peu après je sus quil l’avait volé, arguant que cette sorte de littérature n’était réservé qu’à quelques-uns et ce livre ne faisait que décorer avec sa voluminosité, la bibliothèque de son propriétaire que jamais l’avait lu, ni jamais allait le lire. Peut-être il avait raison : l’ouvrage était une libelle de plus de sept cents pages, écrites dans un langage obtus le suffisamment abstract comme pour se sentir tenté à abandonner sa lecture après la quinzième page. Mais, après cette preuve de feu, vinrent ‘Les mots’, ‘Le diable et le bon Dieu’, ‘La putaine respectueuse’, ‘L’imaginationet quelques autres, car j’avais décidé faire de Sartre l’object de ma recherche finale, avant la finalisation du premier cycle. Les visites à la grande Bibliothèque de l’Université d’Antioquia, deuxième étage, se multiplièrent et les longues sessions de rédaction occupèrent les nuits dans ma chambre (refroidie et humidifiée par les conditions météorologiques si propres aux Andes colombiens), alors marasme haché de livres, revues, feuilles et cahiers de brouillons improvisés.

Tout ce que je lus à ce moment- sur le sujet était en castillan et je dus rejeter bien de livres ne disponibles qu’en langue française. Quand je envisageai de commercer étudier le français spontanément la première pensée se dirigea vers les grands titres, noms, expressions et néologismes que je connaissait et employait couramment dans une désastreuse prononciation qui enfreignait les normes minimales de la phonétique française. Apprendre français serait magnifique, me dis-je, car je pourrai trouver Sartre, Beauvoir, Camus, Nizan ou Merlau-Ponty, comme dans une puits premier, sans l’intervention de traductions que n’arrivent point à exprimer les petites subtilités idiomatiques qui tant de fois rendent beau et captivant un écrit.
Aujourdhui que je peux parler à Sartre et de Sartre dans son propre langage, je réalise donc un rêve personnel que je m’était imposé.

Les notes et réferences quapparaîtront dans ce texte ont été rédigées originellement en français. Comme malheureusement je ne les ai que traduites en espagnol, je devrai les retraduire avec mes propres mots.

L’existentialisme et son époque.

Le XXe. signifia carrément pour l’histoire humaine un de ses périodes plus dramatiques, obscures et confuses en même temps quil vit surgir des nouveaux idéaux, des nouvelles perspectives, et des nouvelles formes de vie qui paressaient avoir dépassée les anciennes.

Sans aucun doute, les deux guerres mondiales, l’exploration de l’espace cosmique, l’avènement de la globalisation, et l’essor des systèmes informatiques et les communications ont généré des forces diverses qui parachevèrent une nouvelle géopolitique, une nouvelle économie et une véritable techno-science.

Dans la sphère philosophique on pourrait dire que le panorama qui s’ouvrit pour les dernières générations ne fut vraisemblablement pas le plus encourageant. En effet, tel que souligné par A. Pintor-Ramos, la philosophie a pris des caractéristiques semblables à celles d’une énorme tours de Babel dans laquelle parlent sans se comprendre, les courants, idées et penseurs le plus dissimilaires et lointains (entre s.

On peut en plus penser que, dans une époque de crise dépersonnalisante, pillarde des identités et au milieu d’une société que vit s’effondre l’idéal hégélien et positiviste de l’histoire comme progrès sans fin, telle que le XXe. siècle, l’existentialisme se profila comme une réponse aux situations des générations proches du temps de la post-guerre dont il paraît bien quon vient de s’en sortir, un plat du somptueux banquet servi avec des matisses propres et irremplaçables.

Compte tenue de l’histoire, l’existentialisme peut être perçu comme un produit germanique qui vit le jour dans les années du début de la répression nazi et à propos des œuvres de Jaspers et Heidegger. À l’origine il se esquissa comme une philosophie académique formulée dans un langage suffisamment abstract pour demeurer voilée au commun de la société d’alors que manquât d’une formation académique minimale.

Nonobstant, son entrée dans l’ambiant cultural latin supposa une diffusion à échelle mondiale des intuitions basiques du premier période, parsemé de la phénoménologie husserlienne et maintenant (alors ?) enrichi par la multiplicité des genres littéraires et dramatiques à côté de la talentueuse habileté des auteurs, principalement italiens et surtout français, dont les pays avait connu l’horreur et la désolation de la deuxième guerre.

Ceci nous démontre que les nuances acquises par le courant existentielle au long du siècle passé furent hétérogènes et éclectiques. Tel qu’une pandémie héritée de la guerre, l’existentialisme en tant que «mode» infecte l’art, la prose, le théâtre, la philosophie, la théologie et la vie ordinaire de tout une période de l’histoire contemporaine, tragique bien sûr, que n’avait devant soi que le colossal projet de reconstruire, parmi les ruines, une société avec perspectives de sens tout à fait nouvelles.

Ce fut ainsi que, sous un même drapeau, chrétiens et athées se sont lancés à la défense de la subjectivité menacée et de cette société que, pour le moment, paraissait être sans nord et dans laquelle, le sens vital résultait revêche face à l'anxiété du futur qui s’entrevoyait aduste pour un être humain qui avait appris d’effectives manières de s’autodétruire.

Un des champions d’un pareil triomphe fut, entre autres, le parisien Jean Paul Sartre. Avec lui, la pensée existentialiste se vulgarise comme aucune autre courant de pensée l’avait fait auparavant, tout au moins, en philosophie.

Sartre vingt-cinq ans après.

L’année 2005 célébra le centenaire de la naissance et le vingt-cinquième anniversaire de la mort de ce penseur commandant du mouvement existentialiste français et, d’une certaine façon, directeur spirituel de la jeunesse européenne depuis le deuxième moitié du décade des année quarante, jusquau frénésie affolant de l’inoubliable mai 68.

Sartre, pour parler métaphoriquement, se révèle comme une luminaire qui expédie des éclats spéciaux pour beaucoup de générations de jeunes philosophes. En fait, Christian Descamps le met comme l’aïeul de toute une fournée d’écrivains français tel que Foucault ou Deleuze et c’est mérité si on a en compte l’infatigable activité politique et sociale que remplit et l’ample radio d’action que fut capable de atteindre, au long de sa carrière.

Une occasion quelconque, un néophyte pourrait même s’enfouir de la biographie d’un auteur choisi, ou éventuellement lire entre les lignes de n’importe quel texte, une localisation oisivement abrégée des circonstances que entourèrent sa production scientifique, littéraire ou philosophique ou encore les esquisser brièvement pour s’introduire vite dans le gros de la pensée. Sartre, par contre, puisque s’offre a qui le lui approche comme un fils parfait de son temps et contexte, attentif à ses demandes et empressé de ses nauséabondes misères, ne pourrait pas être soustrait des tragédies et luttes de son époque, sans affecter gravement l’intégrité de son œuvre ni commotionner aussi ses bases avec la possibilité d’élaborer des jugements équivoques sur sa personne, sa pensée et son importance.

En plus de se présenter comme total compagnon des aspirations de sa génération, ses trait dénotent un intellectuel profondément honnête avec soi-même et solidaire avec la collectivité de son époque. Sartre donc, s’éprend, écrit, se trompe, se passionne d’une idée (par une idée), écrit à nouveau et écrit encore pour la rectifiant ou la raréfiant davantage, mais jamais reste tranquille dans la commodité de son appartement, acagnardé à son bureau gribouillant inoffensifs petits ouvrages pleins adresse logorrhéique ou de simple vulgarité quotidienne.

C’est pour ces raisons et pour beaucoup d’autres omises o inconnues que, à l’heure d’affronter le sartrisme, tout étudiant, historien ou simple lecteur, se trouve face à une pensée dont son impact fut accru parles multiples activités proches du philosophe : politique, vie militante, journalisme et surtout, littérature.

Encore quelqu’un pourrait objecter qu’un essai qui pose à nouveau un regard sur le thème déjà assez mâché de l’existentialisme et quiconque le représente est à court d’importance et intérêt à la banalisation quil a souffert ces derniers temps. En outre, c’est bien connu le discrédit auquel il fut soumis par ses plus illustres représentants jusquau point que même Sartre le qualifia comme simple mode propre d’un snob momentané.

«Quest-ce que quon appelle existentialisme ? La majorité de ceux qui utilisent ce mot seraient très mal à l’aise pour le justifier, car, aujourdhui il est devenu une mode. Il n’y point de difficulté à déclarer qu’un musicien ou qu’un peintre est existentialiste»[1].

Toutefois, une analyse plus profond de la postmodernité, révèle l’existence en elle d’un conglomérat d’éléments de profondément enracinés dans l’existentialisme, tels que l’irrationalisme (ou anti-rationalisme), l’opposition garantie et tenace à quoique ait le goût d’imposition dogmatique, la nécessité d’un connaissance plus expérimentale sur la vie naturelle et humaine par dessus de sophistiquées abstractions mentales et aussi la découverte du propre potentiel personnel, basée dans une affirmation subjective et quelquefois même absolutiste de la propre liberté au niveau économique, personnelle et sociale.

Encore plus, la contemplation d’une France qui, pour la gaieté de quelques-uns et la perplexité enragée d’autres a célébré avec toute pompe le centenaire de la naissance de Jean-Paul Sartre, démontre une fois de plus comment sa pensée et son influence restent intimement enracinés dans la mémoire historique des générations nées dans les derniers lustres. Le vacarme organisé au tour de cet événement, a fait à nouveau populaires la production, réflexion et critique littéraire sur le personnage qui en est à l’origine. J’essaierai dans les lignes successives d’en esquisser ses traits fondamentaux et son (leur) importance.

La marque intellectuelle de Sartre.

Le 16 avril 1980, un œdème pulmonaire éteignit la vie, à hôpital Broussais de Paris, d’un des plus réputés intellectuels du XXe. siècle : Jean-Paul-Charles-Aymard Sartre ; avec lui périssait un des dernier maîtres de la pensée française et un des génies plus étonnant de notre temps. Après sa mort, on lui dédia plus de pages quaucun autre événement littéraire : «c’était une conscience critique qui venait de disparaître[2]».

En vérité, cet homme au «regard bigle et à voix nasale» était dans la même ville qu’à présent, au cimetière de Montparnasse garde ses cendres, Paris, le 21 juin 1905. Jamais il ne s’est marié peut-être par son aversion aux engagements sérieux ou par simple amour de la liberté. Néanmoins, hormis sa mères et Simone de Beauvoir, d’autres femmes lui furent proches. Je pense à Olga Koskiewicz avec laquelle eut une sorte de liaison amoureuse et à sa fille adoptive Ariette El Kaim. Jamais il n’eut de disciples ni occupa une chaire universitaire mais, il a reçu les noms de «homme-siècle», «concentré de intelligence», «nomade merveilleux», «anthologie d’humanité» (Lévy), «intellectuel total» (Uribe-Merino), «tourbillon d’enthousiasme qui finit dans l’hystérie» (Hirschberger), «témoin attentif et perspicace de notre temps» (Reale et Antiseri). Pour cette raison, écrire sur ce grand maître de l’existentialisme n’est pas si facile et pourtant passionnant.

Est Sartre un français au visage pas trop agréable mais il est aussi un personnage l’on peut trouver un sorte de modèle paradigmatique de l’intellectuel engagé, polémique, éclectique et actuel tel qu’une «aventure qui se passe à plusieurs vitesses» (Lévy).

Avec la figure de Sartre nous nous trouvons face à un cas unique dans toute l’histoire de la pensée contemporaine. En effet, surtout aujourdhui et davantage chez les jeunes, on conçoit occasionnellement le philosophe comme l’homme de la solitude, l’isolement et l’abstraction, dans un monde d’idées et raisonnements inapplicables. Sa physionomie est pintourluré de mystère et même de folie ou débilité mentale. Ainsi la philosophie n’est plus captivante pour beaucoup. Sartre, par contre, est capable d’enseigner aux nouvelles générations quon peut construire un système conceptuel rigoureux tout en étant un homme proche des besoins de son époque. Ce dans ce sens il est inégalable : philosophe dans les règles, mais aussi romancier et dramaturge et scénariste du cinéma et activiste politique et essayiste et amant de la vie et les femmes

Son nom est drapeau. Ses conférences finissent en tumulte. Poussées, chaises détruites, services d’ordre débordés, tentatives de rixes, cris de pithiatisme… Les gens vont chez les Centraux pour entendre dire à ce petit homme dire que l’existentialisme, à la fin, n’est qu’un humanisme, de la même façon quils iraient a l’Olympia pour écouter Harry Belafonte ou Frank Sinatra.

Ainsi donc, Sartre se révèle dans tous les genres de l’époque. On le découvre affairé de toutes se forces au présent, comme assoiffé de posséder le monde en son ensemble. Sartre, tel que exprimé par Anna Boschetti, fut le nouveau Bergson de la philosophie et le nouveau Gide de la littérature : l’héritier de deux trônes que furent désoccupes en même temps[3]. Cela est Sartre : aimé de tous haï d’autres, athée, rebelle, iconoclaste des principes de sacristie, lutteur, amant éternelle du «Castor»[4]

Aujourdhui les intellectuels ne brillent avec tant d’éclat. Il est difficile d’en imaginer un au XXIe. siècle, peut-être parce que la médiocrité d’est installé dans bien de cercles, peut-être parce que maintenant, tout simplement, on n’a plus besoin de gens de cette taille.

Mais on peut quand même en apprendre qu’un intellectuel ne peut être un savant, innocent et irresponsable créateur d’idées mais un qui assume les engagements de son temps même en se gagnant la censure et la haine de grands et puissants secteurs. Car, même dans la gloire et le prestige de Sartre il y eut comme éternelle compagne l’antipathie et l’animadversion contre sa personne et son œuvre .

Son nom et ses écrits se trouvèrent dans l’Index du Saint-Office qui, certainement, menaçait avec des peines canoniques à ceux lissât ce «faux écrivain et philosophe peu sérieux» dont «il était déjà temps de l’enduire de soufre et le mettre feu devant Notre-Dame, comme la manière plus charitable de sauver son âme[5]».

Sartre fut donc aussi la conscience haïe de son siècle : il fut appelé «vipère lubrique», «hyène dactylographique», «rat visqueux», «cancer rouge de la nation», «moisi bizarre de la haine, l’envie, la stupidité et la sexualité la plus vulgaire», «romancier démoniaque», «truand maître chanteur», «ténia», «crotte» et signalé avec d’autres titres aberrants.

La représentation scénique de «Les mains sales» à Helsinki et de «Huis-Clos» en Angleterre. Deux fois on bombarda son étage et une fois dans les locaux de «Les temps modernes», revue quil avait fondé avec M. Merlau-Ponty. Peut-être, fût-il cela une réussite. Tout le monde en parla. On l’appuya, on l’injuria, on le déchira avec des critiques, mais, personne put le méconnaître et, malgré ce que l’on puisse penser, il fut un des plus grands fils de la France de la deuxième moitié du XXe. siècle et même dans nos jours on peut le considérer comme prototype de l’intellectuel. Bien que scandaleusement sous-estimé, un des meilleurs écrivains de l’époque récente, inutilement lauréat avec le prix Nobel quil refusa en 1964 alléguant raisons de nature morale et essayant de sauvegarder son intégrité intellectuelle.

Mais, quest-ce que c’était que sa pensée? littérature ou philosophie? Littérature et philosophie. Il était écrivain parce quil était philosophe, puis il était philosophe car il était écrivain.

De Torre croit que, sans doute, un des succès de l’existentialisme littéraire fut le saut de la poésie au roman, de l’effusion subjective au reflet pluriel du monde[6]. Puisque, il me semble que Sartre est meilleur philosophe lorsquil décrit dans La Nausée l’expérience de Roquentin dans le parc, ébaubi par la forme du châtaignier, ou lorsque récite la solennelle conclusion de Garcin dans l’enfer avec l’air de chambre second-empire dans Huis-Clos, ou encore lorsque, dans un ton aux accents goethiens reflet la bâtardise de l’homme sans Dieu dans son personnage de Goetz de Le diable et le bon Dieu. Sa philosophie est, d’une certaine façon, corrompue par ses ouvrages littéraires et ses ouvrages littéraires se trouvent interprétés dans ses traités magistraux. Ainsi donc, le Sartre de L’être et le néant se comprendra mieux à la lumière de celui de La nausée, Les mouches, Le diable et le bon Dieu, La putain respectueuse, Les séquestrés d’Altone, Le mur ou L’âge de raison.

On peut dissentir de certaines opinions car il a accentué la dimension négative de la vie humaine en relation et a même affirmé que la base de la dynamique interpersonnelle est le conflit, que l’enfer ce sont les autres et que la vie est absurde à tel point que W. Luypen considère que tout ce qu’il fait n’est qu’une phénoménologie de la haine. Il a limité l’amour, lui, au simple désir d’être aimer, enfermant l’homme dans une subjectivité totale qui l’empêche tout ouverture vers les sentiments plus humains et humanisants. «Rien ne peut me limiter sinon le prochain[7]», laissa écrit.

D’autre part, ses études sur la conscience, la réduisent à simple catégorie d’un Néant transcendantale ou phénoménologique, radicalisant les perceptions déjà présentes dans la philosophie husserlienne mais, en expulsant même le Je, chose au fond impensable tel que souligné par le jésuite Juan Alfaro car «si la conscience implique la façon d’agir du je-personnel dans les actes, cela veut dire qu’elle quelque chose de positif et de réel, une réalité différente des autres réalités du monde, mais réalité[8]».

En dernier lieu, il est impossible d’oublier que, au socle de toute sa philosophie Sartre a mis une rotonde négation de Dieu et de n’importe quel autre vestige de transcendance et que, dans son étude de l’existence, bien qu’il dut admettre qu’elle ne se révèle ni comme auto fondé ni comme auto fondante, mais bien au contraire, comme limitée et contingente, il préféra opter pour réduire l’homme à l’absurdité pour prémunir son athéisme conséquent : il n’y a point de cause pour être dans le monde, il n’y a point de cause pour vivre, il n’y a point de raison pour être homme.

Il n’est moins vrai aussi que dans bien de points Sartre n’a fait que refléter sa propre condition d’un homme avec une flamme de foi évidemment faible et la plus part de sa biographie complètement éteinte. Passant son enfance entre son vieux grand-père calviniste qui ne perdait point d’occasion pour se moquer de la religiosité propre du catholicisme et une mère et une grand-mère catholiques non-pratiquantes, si étant un enfant apprit quelques prières bien tôt, selon ses propres ‘Mots’ blasphéma : «maudit Dieu, maudit Dieu, maudit Dieu» et sentit qu’il jamais le regarda a nouveau[9].

Quand il parle de soi-même normalement il le fait dans un langage dur et sans pitié, manifestant le fait de sa laideur et peu de grâce et même en se comparant avec un crapaud. L’atmosphère sombre qui traverse une grande partie de ses pages donne souvent l’impression d’un tempérament dépressif. Il est clair aussi que, quelques-unes de ses intuitions métaphysiques disent référence plus à un état d’esprit qu’à une condition universelle.

C’est ce vide et solitude qui font de sa pensée une espèce de très longue et dilatée confession chatoyée par l’habile souplesse philosophique de celui qui devient confident de soi même. On reste avec la sensation de voir un homme qui se donna mille rendez-vous pour nous raconter, tantôt sur un scénario, tantôt dans la circonspection du plus âcre traité phénoménologique, tantôt dans un aigu écrit politique ou dans le plus métaphorique de ses romans, sa propre vie et son naturel génie.

Heureusement, il doit y rester la consolation de pouvoir dire, comme autrefois le perspicace Hamlet dit à Horatius : «plus de choses il y a dans le ciel et sur la terre que celles que rêve ta philosophie»… Certainement qu’il en est ainsi.

Nonobstant, ne laisser pas d’inspirer un profond respect son cohérent essai de concevoir l’histoire non comme un destin qui tombe inexorablement sur des individus impavides mais comme quelque chose dans laquelle nous sommes tous participants, et pour cela, coresponsables.

Lui, Sartre, est un mélange presque parfait, ou tout au moins très intéressant, de talent littéraire et acuité philosophique. Comme penseur existentiel les systèmes et les formulations théoriques ne le séduisent point s’ils ne sont guère capables de retourner à la propre vie et prier l’homme a y prendre la part indéboulonnable qui lui revient.

Sartre est un philosophe, il le démontre largement et originalement au lecteur. Il est un génie : ses réflexions dévoilent une intelligence très aiguë. Il est écrivain, assez prolifique comme pour être digéré d’une entaille. Il est un intellectuel engagé, ses voyages et pris de parti en rendent compte. Mais, à la fin Sartre est aussi et surtout un homme, une vie et une histoire, un temps et une époque qui pèse sur ses épaules, le bénéficiaire d’un héritage qui a des exploits et des erreurs. Ses écrits et sa biographie ne font que nous étaler devant les yeux la présence d’un manquement et d’une vision jamais réconciliée de soi même et le témoignage de combien il est lugubre une vie sans transcendance.

Cependant, il reste vrai que, malgré tout il continuera à parler et ses paroles continueront à grelotter dans les oreilles de beaucoup de ceux qui transitons cette histoire humaine qui se continue...

«L’unique chose que je demande au futur c’est d’être lu». Sartre
Lenin
[1] Sartre. L’existentialisme est un humanisme. p. 57
[2] Uribe Merino, Catalina. Juan Paul Sartre: el intelectual del siglo XX. En: revista Universidad de Antioquia. p. 44
[3] Boschetti, Anna. Sartre y «Les temps modernes» : una empresa intelectual. In: revue Universidad de Antioquia. Juillet-septembre 2001. p. 37.
[4] Le surnom qu’il donna à Simone de Beauvoir.
[5] Paroles de Pierre Brison, directeur de Le Figaro.
[6] De Torre, Guillermo. Jean Paul Sartre y el existencialismo en la literatura. In: Sartre, Jean Paul. El muro. Introducción. p. 8-9.
[7] Sartre. L’Être et le Néant. p. 367
[8] Alfaro, Juan. De la cuestión del hombre a la cuestión de Dios. p. 97.
[9] Sartre. Les mots. p. 68.

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